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La péniche, gestion du patrimoine fluvial

La péniche, gestion du patrimoine fluvial
Page 5
màj : 22 - 11 - 2016 12:00


Traction mécanique
sur les voies navigables dans les années 50

Les électriques sur rail

Alimentation électrique

Redressement

Les machines étaient alimentés en courant continu 600 V par fil aérien. On n'utilisait pas le terme caténaire. Le contact se faisait par le dessus, et non par le dessous comme avec un pantographe ou une perche de tramways.

Le courant était fourni par des sous-stations régulièrement espacées sur le réseau. Par exemple il y en avait à Châlons, à Condé-sur-Marne (18 km) et dans l'autre sens à Ablancourt (22 km).

Redresseur Hg

cliquez A partir de la fourniture en moyenne tension (5 000 ou 15 000) en triphasé par EdF la tension était abaissée puis le courant redressé par des lampes à vapeur de mercure. C'était de grosses (1m de haut environ) ampoules en verre (40kg de mercure d'après mes souvenirs basés sur les déclarations de ceux que j'ai vu porter une de ces lampes, quand même protégée par un bati en bois, pour la charger dans une camionnette après avoir traversé l'écluse d'Ablancourt sur les passerelles de portes sans garde-corps).
En fonctionnement, le mercure était presque totalement vaporisé dans l'ampoule.

C'étaient des engins de la famille des ignitrons. Sur place, je n'ai jamais entendu parler que de "lampes", et je n'ai pas (encore ?) trouvé de photo pour les identifier avec certitude.Il y en avait toujours au moins deux l'une à coté de l'autre mais je ne me rappelle plus si elles étaient en service toujours en même temps. J'en ai souvent vu deux en fonctionnement simultané, mais je ne sais plus si certaines fois une seule l'était. A cette époque, ignare en électricité, je n'ai rien demandé.

Je croyais que les ampoules avaient 3 bras en haut (après enquête, en fait 6) et deux en bas, ce qui leur donnait l'allure d'un monstre à 5 bras (en réalité 8, mais je n'avais pas pris ça pour une pieuvre électrique) qui aurait eu plein d'étincelles bleuâtres, très lumineuses, dans le ventre en faisant un fort grésillement. Un truc à faire faire des cauchemars à un gamin. Mais ça me fascinait, et je n'étais pas peu fier de pouvoir entrer là. C'était enfermé dans une cellule grillagée qui n'était ouverte que l'appareil hors tension. A ce moment on voyait le mercure au fond de l'ampoule et la quantité m'émerveillait, surtout que de mercure, je n'avais jamais vu que les gouttes issues d'un thermomètre cassé ou plus luxueusement celui tiré d'un flacon que le maître (d'école) sortait une fois par an pour l'expérience sur le baromètre de Toricelli.

Le catalogue Schneider-Westinghouse de 1953 contient le paragraphe suivant :
" Nous sommes à même de réaliser tout équipement de canaux en matériel tracteur et en sous-stations, ces dernières étant réalisées avec redresseurs type Ignitrons scellés, d'entretien extrèmement réduit et de rendements élevés même aux faibles charges. "
Comme il n'y a pas plus de précisions ni d'illustration, je ne peux dire s'il s'agit du matériel que j'ai vu.

Les deux photos ci-dessus et ci-contre (Doc G. Kiffer) sont extraites d'une publicité (en 1934) de la sociète Hewittic, 11 rue du Pont à Suresnes (Seine), fabriquant de redresseurs à vapeur de mercure. C'est ce que j'ai vu à deux différences près.
- La dimension du local, qui est bien plus généreuse que celle utilisée sur les canaux champenois, moins voraces en puissance que ceux du nord.
- et les lampes qui ressemblent comme des sœurs à celles de ma mémoire, sauf la position inverse, bulbe en haut. Rien ne dit que celles qu'on voit sur la photo sont des appareils triphasés, il y en a trois (au moins) côte à côte. Elles ne sont pas en fonctionnement, l'appareil photographique aurait été ébloui.

Subsidiairement le revêtement de sol fait luxueux, mais quand on fait de la pub, on montre le plus beau. A cette époque on aurait trouvé contre-productif de mettre une pin-up manoeuvrant un sectionneur.

Avec les gants de caoutchouc, le tabouret en bois muni de pieds isolants en porcelaine était d'un usage obligatoire pour manoeuvrer toute commande, notamment les volants. Triple sécurité, tout ce qui, extérieur aux cellules, est à portée de main, est hors tension. Quand on me laissait entrer, je devais avoir les mains dans les poches.
Les câbles reliants les alvéoles sont dans des caniveaux dallés. Là où je suis allé, le sol étant simplement bétonné, les couvercles étaient visibles.

Photo de 2009 (GK) montrant ce qui reste d'une alvéole dans une sous-station abandonnée, le long du canal de la Marne au Rhin, et le départ des caniveaux sous les pieds du photographe.

Chaque sous-station était indépendante, mais Il était possible en cas de défaillance de l'une d'elles de connecter les voisines sur le secteur en panne. D'où nombre de sectionneurs et cadrans de contrôle.

De temps en temps, avaient lieu des essais, ou des règlages, des appareils électriques. Je n'y ai jamais assisté complètement, mais j'ai vu partiellement la préparation du matériel et me suis fait raconter ce que je pouvais en comprendre, c'est à dire le coté spectaculaire.

Test électrique

cliquez Pour tester l'installation, il faut pouvoir lui faire débiter une intensité au moins égale à celle qu'elle donnerait avec le nombre maximum possible de tracteurs en service. Si on suppose que ça pouvait être une dizaine, ça donne 125 A, la puissance à dissiper étant de 75 kw. Pour dissiper la chaleur produite rien de tel que de refroidir dans l'eau. La solution était d'utiliser l'eau comme résistance. Des plaques métalliques parallèles d'environ 1 m par 1 m étaient trempées dans l'eau pour servir de résistance de charge. Leur écartement était réglable, elles étaient reliées par des tiges filetées isolées des plaques. En les trempant plus au moins on fait varier la résistance. Les plaques étaient suspendues au-dessus de l'eau par un treuil.
Dans le cas de la sous-station de Châlons ce n'était pas le canal navigable qui était utilisé mais une rigole d'alimentation venant de la Marne et devenant souterraine juste à coté du bâtiment avant de se jeter dans le bief en aval de l'écluse. Le pertuis d'entrée de la partie souterraine, qui comportait une vanne, grâce à la maçonnerie de celle-ci, convenait bien. La largeur du pertuis n'était pas supérieure à 2 m.
C'était une réserve de pêche.

Bien sûr, les poissons nagent beaucoup moins bien après la décharge électrique. Il y avait donc des gens avec des épuisettes à l'affût. mais tout cela ne pouvait se faire sans autorisation des autorités chargées de la pêche. Des gardes-pèche étaient donc présents. P'tèt qu'il y a des jours où ils ne sont pas venus et que des poissons se sont perdus, morts ou vifs(1).

Ci-dessous un bâtiment illustrant un article paru en 1926, de Georges Weil, à l'époque directeur adjoint de l'ONN et plus tard Pdg de la CGTVN. (Doc G. Kiffer)

Le lieu de prise de vue n'est pas spécifié, mais la légende précise qu'il s'agit d'un bâtiment type. La date est indiquée : 1925. Or la création de la CGTVN est d'octobre 1926 et l'un des premièrs secteur pris en charge est précisément cette section Bassin Rond-Janville. L'ONN avait fait des essais dans ce secteur pendant la guerre de 1914-18 et avait continué ensuite un service qu'elle aurait voulu plus actif. La CGTVN travaillant pour l'ONN reprenait ce maillon essentiel de la liaison Nord-Paris pour l'améliorer. Ce n'est peut-être pas un hasard si G. Weil, qui à l'époque où il a publié son article travaillait à la création de la compagnie (à laquelle il ne fait aucune allusion), a choisi ce canal.
La sous-station est dans la partie gauche et c'était visiblement en plus, un garage d'envergure. Admirez le pignon en bardage bois et sa découpe qu'on retrouve sur la photo du garage de Chauny en page 13.

Test électrique

cliquez Sous-station électrique du Moulin Brulé dans l'Aisne, date inconnue. (CPA, collection G. Kiffer)
La sous-station est dans la partie la plus élevée du bâtiment de gauche, la plus à gauche étant visiblement un garage et un atelier. La taille des bâtiments, avec même un logement, est un témoin de l'importance de l'activité de cet endroit à cette époque. Il n'y avait pas l'équivalent dans l'Est. L'agrandissement montre des voies des deux cotés du canal, l'une des deux, à gauche, est ponctuelle et destinée au service de l'écluse de ce coté. Le tracteur de droite est un Jeumont à bielles, nouveau modèle (dépourvu de carters de protection des bielles). Celui de gauche est un autre Jeumont à bielles, mais ancien modèle et de la première fournée (Voir page 7, "Electriques sur rails, fin").

Sous-station de Pinon-Anisy le Château

cliquez Sous-station/garage/atelier de Pinon, ou Anizy le Château si vous préférez, sur le canal de l'Oise à l'Aisne à une date plus récente que la précedente. (Photo Cibrario, 2 rue des Cordeliers, SOISSONS, Doc G. Kiffer)
La voiture Peugeot 202 a été immatriculée dans le département de la Marne entre le 01/01/1948 et le 31/03/1950 (Numéro finissant par KJ 7, le reste est inutilisable). Des véhicules immatriculés dans ce système, abandonné au 01/04/1950 ont forcément circulé après cette date, mais j'ignore combien de temps.

On distingue à droite, la ligne de liaison électrique entre le bâtiment et le fil d'alimentation de la voie courante devant la haie, laquelle s'abaisse pour passer sous le pont. On voit nettement au-dessus de la porte du garage le départ de l'alimentation des voies de service. Il y a une voie correspondant à chaque porte, mais les fils ne sont pas tous au-dessus de la voie qu'ils desservent. Un trolley n'est pas un pantographe.

Cette installation est l'objet d'une autre photo aérienne de moins bonne qualité page 13, entretien du matériel. Les commentaires associés pourraient être insérés ici, le bâtiment ayant plusieurs fonctions. Par hasard, c'est la même dont on dispose de plusieurs images.
Grace aux voitures on sait que celle-ci est la plus ancienne.

Autre lieu, autre configuration. A Valenciennes, le courant était fourni par l'usine des tramways qui utilisaient la même tension.


notes

1 - Pour les jours sans poissons, il y avait aussi les lapins de garenne pris au collet dans les déblais mis en dépôt définitif de part et d'autre de la voûte du Mont-de-Billy et notamment autour du bureau local de la CGTVN. Ces tas de matériau crayeux étaient plantés de pins maritimes dont les racines tenaient les talus. Ça foisonnait de lapins et j'en ai vu quelques-uns, défunctés pour avoir rencontré une cravate trop serrée, circuler de façon discrète dans des sacs. Je ne dénonce personne, d'ailleurs j'en ai mangé aussi. Il y a prescription, d'autant plus que les coupables doivent être aussi insaisissables que les lapins à l'heure qu'il est, ou centenaires.