Cas particulier du canal St Martin à Paris

19/12/10

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Voute lafayette - chaineVue rapprochée de l'entrée sud avant 1924. (Doc Pascal Pontremoli)

Extrait de l'article de M. Vanneufville
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
Inspecteur général, chef du Service technique du Port de Paris.
Revue Science et Industrie N° 254bis N° Hors série, Edition 1934 - 1935.
(doc G. Kiffer)

(Ce numéro est entièrement consacré à la navigation intérieure)

"Canal Saint-Martin.

Installation de cabestans électriques aux écluses.

Les écluses doubles du canal Saint-Martin sont constituées par deux sas étagés, dans lesquelles jusqu'en 1924 les manoeuvres d'entrée et de sortie étaient faites à col d'homme. Ces manoeuvres, longues et pénibles, ont été considérablement améliorées par l'installation, à ces écluses de cabestans électriques. Non seulement ces cabestans facilitent l'entrée des bateaux dans les sas, mais encore ils permettent, à la sortie de l'écluse de lancer les bateaux dans l'axe des biefs. Cette amélioration est particulièrement appréciée par la batellerie, étant donné l'encombrement des rives par de nombreux bateaux à quai en cours de déchargement.

Installation d'appareil de traction sous la voûte Lafayette.

A la voûte Lafayette, située sous la boulevard de le Villette, longue de 100 mètres, un appareil de traction constitué par un câble sans fin, mû électriquement, a été établi pour faciliter la traction des bateaux qui antérieurement à 1924, se halaient sur une chaîne fixe placée sur un des piedroits de la voûte".

La chaîne est très visible sur la carte postale ci-dessus, et nous avons bien de la chance que le photographe, dont le sujet était le métro, ait bénéficié d'un soleil favorable.

Voûte Lafayette en 2010

En 2010, il reste des vestiges très palpables du cabestan (Photo Pascal Pontremoli) à qui je demande pardon pour la correction lumineuse. N'étant pas un virtuose en la matière et n'ayant aucune envie de faire une oeuvre d'art, je me suis contenté d'améliorer le coté documentaire. En passant on peut admirer le revètement céramique du local. On voit que le métro n'est pas loin.
L'entrée ancienne de la voûte est visible et on voit très bien les poutrelles de béton précontraint, bien postérieure à 1924, qui ont allongé le souterrain (on n'ose plus dire voûte). Il est fort possible que quelque chose (en poutrelles métalliques par exemple) de même usage ait existé lors du premier établissement du funiculaire. Celà ne change rien puisqu'une banquette circulable à l'emplacement du quai de la photo avec la chaine a été aménagée. mais l'allongement est de bien plus de 2,50 m. La longueur actuelle ayant été mesurée grâce à Google Earth, soit ce dernier est approximatif (plus qu'improbable) soit l'allongement existait en 1934 et M l'Ingénieur Général a arrondit au rabais, soit cela n'existait pas et M l'Ingénieur général a arrondit par excès. Ou alors c'est le gratte-papier chargé de lui chercher les données qui se l'est permis. De toutes façons ce n'est guère important.

Voute Lafayette poulies(Photo Pascal Pontremoli).

A l'extrémité nord de la voûte, à l'entrée de l'écluse basse, les restes du câble des poulies de renvoi sans fin. Il y a tout lieu que cela est resté utile et entretenu jusqu'à la fin du halage qui a provoqué la disparition des compagnies de halage dans les années 1970.

Y a t'il eu des engins de traction des bateaux sur le canal St Martin ?

Ce n'est pas souvent qu'on a une trace aussi précise de l'utilisation d'une carte postale, Merci Marguerite.
La photo est forcément antérieure. La colorisation de celle-ci est assez réussie pour qu'on ait envie de la conserver. Voûte Lafayette avant 1906 (Doc Pascal Pontremoli)
Ci-dessous le contre-champ à une date voisine. Canal st Martin vers 1900

canal St Martin, détail

Les bateaux lavoirs n'ont pas bougé. Tout semble dans le même état.
Ce qui nous intéresse, ce sont les poteaux, rive est. Ils portent une ligne électrique sur des isolateurs analogues placés dos à dos, comme pour recevoir les deux trolleys à galets d'un tracteur électrique à pneus. La ligne conduite tout droit vers la porte du petit bâtiment (visible sur la photo d'ensemble de l'entrée vue à la page 19, je suis sûr que vous reconnaissez le timbre) situé à l'entrée de la voûte lequel fait irrésistiblement penser au garage d'engins à propulsion électrique. (Ce local, remanié, était tout indiqué pour abriter la machinerie du cabestan de 1924. Il aura quand même eu un usage dévolu à la traction des bateaux) On aperçoit deux lignes parallèles qui semblent être des rails. Des engins sur rail avec trois conducteurs (deux fils aériens et la voie) ont existé à cette époque (certains tramways).
Or la ligne est très courte. M le chef du Service technique du Port de Paris n'en parle pas dans les moyens de traction des bateaux, alors qu'il cite le toueur de la voüte du Boulevard Richard-Lenoir. La voie, ou le chemin de roulement, est encombré(e) de gens au travail et de tas de matériaux divers, et pire de poteaux, peut-être supports d'une autre ligne électrique, ou pas, et qui semblent bien mal placés entre les rails si s'en est. Et si l'engin à trolleys est à pneus il aurait du mal à tirer les bateaux à cause de ces poteaux.
En conclusion, on peut répondre presque à coup sûr, non à la question. Mais il est bien possible que des engins électriques aient été utilisés là pour la manutention, quoiqu'ils ne semblaient plus l'être à l'époque des photos. Les gros portiques du fond ont bien pu les remplacer.